mercredi 31 janvier 2018

Blue Light Yokohama de Nicolás Obregón



A Tokyo, l'inspecteur Iwata et sa collègue Sakai de la brigade criminelle mènent leur première enquête commune. Ils ont à résoudre un quadruple meurtre : les Kaneshiros, une famille coréenne, ont été massacrés dans leur maison. Le tueur a notamment prélevé le cœur du mari et laissé un étrange symbole en guise de signature de son crime : un « soleil noir » tracé au plafond...


Une construction sophistiquée


Ainsi commence ce roman noir très réussi qui se déroule principalement au Japon. La construction de l'intrigue est savamment sophistiquée. L'histoire s'ouvre dans un téléphérique où une jeune marginale, qui est accompagnée par une petite fille, poignarde un policier présent dans la cabine, avant de sauter dans le vide. La résolution de l'énigme aboutira à découvrir le meurtrier, après une multitude de rebondissements et de digressions. On en apprend davantage, au fil des pages, sur la personnalité des enquêteurs, sur leur passé, et sur leur quête personnelle. Tout est étroitement imbriqué...


Le « Rainbow Bridge » en guise de décor


Tokyo sert de toile de fonds à ce thriller, avec pour emblème son prestigieux « Rainbow Bridge » illuminé grâce à l'énergie solaire, où les personnages clefs se croisent et jouent chacun leur partition. On navigue également dans les bas quartiers de la capitale mais aussi dans des lieux plus huppés, en devinant que l'auteur nourrit pour la capitale japonaise une véritable passion. Une chanson trotte tout au long du livre dans la tête de l'inspecteur Iwata : « Blue Light Yokohama » dont les paroles sont égrenées au fil des pages sur le mode répétitif. C'est une originalité d'écriture. Ces paroles apaisantes et poétiques contrastent en effet avec la noire réalité à laquelle les enquêteurs sont sans cesse confrontés.

Le phénomène des sectes au Japon... et ailleurs



Nicolás Obregón, l'auteur du roman, a saisi au passage quelques traits dominants de la société japonaise : la corruption qui y règne mais aussi l'inquiétante progression du nombre de suicides par exemple que les autorités essaient de combattre avec des moyens dérisoires ou la puissance des sectes, qui est au cœur de l'intrigue, nous donnent à réfléchir sur nos modes de vie et de développement. Avec comme perspective cette « ultra-moderne solitude » qui s'installe ici ou là, et pas seulement au Japon. Ce livre, de ce point de vue, parle à tout le monde.


Un cocktail réussi


J'ai aimé ce roman qui parvient à nous tenir en haleine, malgré quelques invraisemblances, avec un final qui ne manque pas de panache. Un joli défi pour l'auteur, né en Espagne, et qui s'était juré de marcher un jour sur le « Rainbow Bridge » lorsqu'il était enfant. Challenge réussi.

Date de publication du roman:  31 janvier 2018

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